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Névidim - Antoine Delouhans
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Les mystères du temps (suite et fin)

Les mystères du temps (suite et fin)

Les mystères du temps (suite et fin)

Pour lire l'épisode 1 c'est ici

Pour lire l'épisode 2 c'est ici

Un secret bien gardé.

(Chroniques de la fin d'un monde Episode 1/Partie 3)

      Je n’en revenais pas.

      Les fouilles que mes collègues avaient entreprises avaient fait remonter qu’une bataille, dont l’issue avait été terrible pour une des deux parties, avait fait rage ici.

      J’observais les squelettes figés par les centaines d’années passées là. Recouverts peu à peu au fur et à mesure du temps, par le sable du désert.

      Ma gorge était sèche, entre la chaleur et la poussière soulevée par les chercheurs et le vent, je n’arrivais pas, malgré les litres d’eau que je descendais, à faire passer cette soif incessante qui me tenaillait.

      Je passai sous la tente sous laquelle on entreposait nos trouvailles et je fixai de nouveau, intrigué, ce masque improbable, et les morceaux d’armures que l’on avait pu trouver. Je n’arrivai pas à me sortir de cette euphorie mêlée d’une tristesse profonde qui m’étreignait depuis que j’étais arrivé ici. Je ne pouvais m’empêcher de penser à elle, avec qui j’avais partagé dans de mes recherches, de mes projets. Elle aussi aurait parcourus ces vestiges avec ce regard pétillant qui lui donnait ce charme envoûtant.

      Elise avait commencé la fac en même temps que moi et s’était assise à côté de moi dans l’amphithéâtre 700 de l’Université d’histoire de Bordeaux. J'y étais entré par les programmes d'échanges d'étudiants étrangers. Le professeur qui nous accueillait avait parlé une heure durant, mais déjà le charme de ma voisine m’avait envoûté. Nous n’avions rien écoutés, nous nous étions trouvés.

      J’ouvrai mon portefeuille pour en sortir sa photo, quand glissa du pli un papier que je ne me souvenais plus avoir mis là. Je le dépliai et y retrouvai un poème que je m’apprêtais à lui donner.

« Ton regard…

Parcourant l’océan du temps

Me voilà près de toi voguant

Le temps d’un temps sans mouvement

Suspendu à une mesure en trois temps

Suspendu à ton regard flamboyant

A tes lèvres en suspend

Je te regarde, tu me comprends

 

C’était un jour de juillet, de beau temps

Et depuis les heures se font cents

Depuis le monde est ardent

Depuis le monde est vivant

J’ai attendu presque cent ans

Ton cœur si doux, ton cœur si grand

Et voilà les secondes du temps

Qui s’égrainent à chaque instant

Qui s’amoncellent en s’envolant

Qui s’éparpillent dans les courants

 

Suspendu à ton regard flamboyant

Le temps s’arrête subitement

Le temps d’un temps sans mouvement

J’entends une mesure à trois temps

Je te regarde, tu me comprends »

      Mon cœur se serra encore une fois. Les années avaient beau passer, je ne me remettais pas de cet accident terrible qui le l’avait arrachée. Ce souvenir le hantait depuis, chaque nuit je le revivais, chaque matin au lever. Elle était devenue mon secret, je n’en parlais plus à personne, comme si l’évoquer à haute voix pouvait faire disparaitre le peu qu’il restait d’elle.

      Je restai près d’une année à Soleb, recueillant jusqu’à la dernière pièce que je pouvais de ce puzzle inexplicable. Jusqu’à ce qu’un jour, un homme, marocain, d’une cinquantaine d’années se présenta à moi. Il avait été contacté par la Padington’s Company lorsque celle-ci avait eu vent de sa recherche. Il me présenta ses trouvailles et je compris alors l’étendue de ce que nous avions sous les yeux. Je compris que la civilisation à laquelle nous avions affaire était jusqu’alors inconnue, ou du moins, oubliée. Une civilisation si évoluée sur son temps qu’elle avait créé un armement et des systèmes de transport modernes qui pourtant n’avaient pas traversé l’Histoire.

      Comment se faisait-il que ces trouvailles ne se soient faites que maintenant ? Comment se faisait-il qu’un tel peuple refasse surface aujourd’hui, alors qu’elle avait gagné le rang de légende aux yeux de tous?

      Il nous fallut deux ans de plus pour recueillir assez de preuves pour présenter le fruit de nos recherches.

      Quelques jours avant la présentation, je reçu un appel de Philas Lacroix, dont je n’avais plus de nouvelles depuis quelques temps déjà.

      - Monsieur Starlight bonjour, commença-t-il de son anglais parfait. Cela fait trois ans bientôt que je suis vos recherches de loin mais avec grand intérêt. Vous allez devoir présenter le fruit de vos travaux au Louvre d’ici quelques semaines. Mais je tenais à vous dire personnellement que certains détails devront être cachés. Certaines choses qui pourraient entacher la mémoire de l’Histoire des Hommes. Vous voyez de quoi je parle ?

      - Je vois très bien mais je ne comprends pas pourquoi le cacher.

    - Sous aucun prétexte, vous ne devez en parler ! Vous m’avez bien compris ? me répondit-il implacable.

      - C’est parfaitement clair monsieur Lacroix

Il raccrocha.

Son ton m’avait fait froid dans le dos.

     J’avais jusque-là mené ces recherches avec l’excitation qui venait avec le caractère inédit de nos trouvailles. Mais je prenais aujourd’hui la mesure de ce que tout cela soulevait.

       J’avais mis les pieds dans une histoire qui dépassait le simple intérêt scientifique.

      J’avais dépassé depuis longtemps les limites de ce qui était audible par le public, du moins c’est ce que penseraient les grands de ce monde.

      Je respirai un grand bol d’air et levai les yeux vers la Tour Eifel qui s’élevait devant moi.

      Respire…

      Le monde change…et je ne sais ni comment ni pourquoi, mais j’ai peur. Peur de ce qui pourrait se produire. Peur des secrets que j’avais soulevés.

      Respire…

      Quelque chose de nouveau commençait !

 

Les chroniques de la fin d'un monde seront une série d'épisodes se déroulant en même temps que mon roman "Eden" qui sortira début 2017.

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Eden, d'Antoine Delouhans